60 ppm, c’est le seuil que beaucoup de piscines franchissent sans même que leurs propriétaires ne s’en rendent compte. Pourtant, chaque milligramme d’acide cyanurique en trop complique la bataille contre les bactéries. Le stabilisant, s’il devient envahissant, transforme l’entretien en épreuve de force. Reste à savoir comment reprendre la main, sans gaspiller d’eau ni déséquilibrer tout le bassin.
L’acide cyanurique : un allié indispensable pour l’équilibre de l’eau
L’acide cyanurique occupe une place de choix dans la gestion de l’eau de piscine. Il agit comme un bouclier protecteur pour le chlore, limitant son évaporation sous l’effet des UV, surtout en plein été. Sans ce stabilisant, le chlore disparaît en quelques heures et laisse la porte ouverte à la prolifération de micro-organismes. Qu’il soit apporté par des galets de trichlore, des pastilles ou du dichlore, son rôle reste le même : assurer une désinfection efficace, durable.
Trouver le bon équilibre de l’acide cyanurique exige une attention constante. Une faible quantité ne protège pas suffisamment le chlore ; en excès, le stabilisant coupe les ailes au pouvoir désinfectant du chlore. Les recommandations des experts situent la plage optimale entre 30 et 50 ppm. Ce n’est pas un détail : les galets de chlore enrichissent progressivement l’eau en cyanurique. À force de traitements, la concentration grimpe, parfois sournoisement.
Une vérification fréquente du taux d’acide cyanurique s’impose, notamment après plusieurs apports de chlore stabilisé ou lors d’un usage intensif du bassin. Gardez à l’esprit que ce stabilisant ne s’évapore pas. Il reste, saison après saison, et peut finir par saturer l’eau. Pour éviter ce piège, alternez avec des produits contenant de l’hypochlorite de calcium ou de sodium, dépourvus de stabilisant, pour préserver un équilibre sain et éviter toute dérive du niveau de CYA.
Comment savoir si le taux de CYA de votre piscine est trop élevé ?
Impossible de deviner à l’œil nu si le niveau d’acide cyanurique a dépassé la limite. L’eau reste claire, aucun indice tactile ne trahit l’excès. Seul un test méthodique permet d’y voir clair. Deux outils font référence : les bandelettes de test et les kits à gouttes. Ils offrent une lecture fiable de la concentration d’acide cyanurique dans l’eau.
Voici comment interpréter les résultats les plus fréquents :
- 19 à 30 ppm : la situation est idéale, le chlore bénéficie d’une protection efficace sans être bridé.
- Au-delà de 50 ppm : le désinfectant voit son efficacité réduite, ce qui favorise l’apparition d’algues ou de bactéries.
Un trop-plein d’acide cyanurique reste discret au début, mais ses effets se font sentir : besoin de plus en plus fréquent de chlore, eau difficile à garder limpide, traitement-choc qui perd en efficacité. Chaque ajout de galet ou pastille stabilisée augmente la concentration, parfois sans que l’on y prenne garde.
Pour tester correctement, prélevez l’eau à trente centimètres de profondeur, loin des buses ou du skimmer. Ne négligez pas le contrôle après l’hivernage : le taux de cyanurique ne bouge pas pendant l’hiver. Si vous mesurez plus de 70 ppm, il est temps d’agir pour rétablir l’équilibre.
Quelle quantité d’eau faut-il réellement vidanger pour corriger un excès de CYA ?
Lorsque l’acide cyanurique s’accumule, il n’existe qu’une seule solution éprouvée : remplacer une partie de l’eau du bassin. Les produits censés réduire le taux de stabilisant n’ont pas encore fait leurs preuves en France. Pour diluer le CYA, il faut donc retirer de l’eau chargée et la remplacer par de l’eau neuve, vierge de stabilisant.
Le calcul est simple : remplacer la moitié du volume divise le taux par deux. Pour réduire d’un tiers, vidangez 33 % du bassin. Prenons un exemple concret : une piscine de 40 m³ affiche 90 ppm et vise 30 ppm. Il faudra alors retirer environ 26 à 27 m³, soit près de deux tiers du volume, et compléter avec de l’eau fraîche.
- Volume actuel : 40 m³
- Taux de CYA à corriger : de 90 à 30 ppm
- Volume à vidanger : 26 à 27 m³ (soit environ 66 % du total)
Procéder en plusieurs étapes, surtout avec un filtre à sable, permet d’éviter des variations thermiques ou chimiques trop brutales. L’osmose inverse peut être envisagée pour les bassins haut de gamme ou là où l’eau est précieuse, mais cette option reste rare. Dans la majorité des cas, l’ajout d’eau neuve offre une remise à niveau fiable, sans recourir à des méthodes chimiques aux résultats incertains.
Des astuces simples pour maintenir un taux de stabilisant optimal toute l’année
Garder un taux de stabilisant maîtrisé permet à la désinfection de rester efficace et limite les interventions lourdes. Le chlore non stabilisé, comme l’hypochlorite de calcium ou de sodium, n’apporte aucun acide cyanurique lors du traitement. Les piscines équipées d’un électrolyseur au sel profitent aussi d’un équilibre naturel, puisque le système génère du chlore sans ajout de stabilisant.
Adaptez vos habitudes selon la saison : alternez entre galets de chlore stabilisé et chlore liquide pour éviter que le CYA ne grimpe en continu. Les galets multifonctions sont à manier avec précaution, car ils sont souvent très dosés en stabilisant et peuvent faire grimper le taux sans qu’on s’en aperçoive.
Pour maintenir le bon cap, mettez en pratique ces réflexes :
- Testez régulièrement le taux de stabilisant à l’aide d’une bandelette ou d’un kit à gouttes fiable.
- Gardez un œil sur la concentration de chlore libre, car un excès de stabilisant en réduit l’efficacité.
- Surveillez aussi le pH et l’alcalinité, qui contribuent à la stabilité de l’eau.
Les propriétaires attentifs adaptent leur routine en fonction de l’ensoleillement, du nombre de baigneurs et du volume d’eau renouvelée. Quand le soleil tape fort, le chlore s’épuise plus vite : multipliez les contrôles et intervenez dès que le taux de stabilisant dépasse 50 ppm. Privilégiez des apports fractionnés plutôt qu’un ajout massif, pour garder le contrôle et éviter les mauvaises surprises.
Prendre le temps d’ajuster sa stratégie, c’est s’offrir la tranquillité d’une eau claire et saine tout l’été. Au final, garder la main sur le CYA, c’est s’assurer que la piscine reste un plaisir, pas un casse-tête chimique.


